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Jean Moulin - Artiste, Préfet, Résistant...

NB : parmi les lettres présentées sur cette page, certaines ont été subtilisées à la famille et circulent chez quelques marchands de lettres et manuscrits. Nous vous déconseillons vivement de les acheter.

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Lundi 1er janvier 1940, lettre de Laure Moulin à son frère Jean. Elle évoque ses cousines Yvonne Escoffier et Marcelle Sabatier, son jeune cousin Henri Escoffier, Lucienne Esparvier, M. Moustiers de l'académie des Bouches-du-Rhône et M. Rigal secrétaire de l'académie du Var, Marcel Raynaud, Jeanne Mouren, la famille Bascoul et l'éditrice Mlle Perrin.

St Andiol le 1er janvier 40

Cher Jean,

Nous avons reçu ta lettre ce matin, à St Andiol, où nous sommes jusqu'à demain. Nous partirons de bonne heure l'après-midi afin d'arriver avant la nuit.

Mon rhume se guérit peu à peu et celui de maman n'a rien été. Ici aussi le froid est venu. Il y a trois ou quatre jours nous avons eu un peu de neige le matin. Nous chauffons à outrance. Le phare brûle jour et nuit ce qui rend le salon très habitable et adoucit un peu la température des autres pièces. Depuis le grand froid nous éclairons aussi le Mirus et moi j'ai le radiateur électrique.

Riri est venu passer Noël ici en permission de 48h. Nous avons tous dîné chez Yvonne. Avec ses délais de route notre artilleur a pu rester ici 3 jours. Il se porte bien et paraît content de son sort.

Je me suis occupée de Marcelle et grâce à nos démarches elle a obtenu un poste d'intérimaire à St Raphaël en remplacement d'un instituteur mobilisé.

Voici ce qui s'est passé. Elle est arrivée ici avec une promesse d'exeat de son inspecteur d'académie de Seine-et-Oise, promesse qu'elle a pu avoir grâce à ton intervention. Elle apportait aussi les réponses de ses demandes dans les Bches du Rhône, le Var et les Alpes Maritimes. Deux étaient négatives mais le Var l'acceptait comme intérimaire pour la durée des hostilités. Elle n'avait pas encore répondu voulant nous consulter à ce sujet. Comme elle est incapable de se soigner à Mennecy nous avons tous été d'avis qu'elle accepte dans le Var après une tentative dans les Bouches du Rhône. Elle était bien décidée maintenant et quoique cela la fasse rétrograder dans sa carrière, je crois qu'il était urgent pour sa santé qu'elle vienne dans le midi.

J'ai pensé tout de suite à avoir l'appui de M. Moustiers. Lucienne Esparvier nous a donné l'adresse de son bureau à Marseille et, pour le cas où il serait impossible d'avoir un intérim dans les B.d.R. elle a immédiatement écrit au secrétaire d'académie du Var, M. Rigal, avec qui elle est en très bons termes et qui avait connu papa par l'intermédiaire des Esparvier. Le 27 décembre nous sommes parties en auto Marcelle et moi pour Marseille. Nous allons droit au bureau municipal de l'enseignement primaire. On nous apprend que M. Moustiers est à la retraite depuis près d'un an. (son départ a suivi de peu l'arrivée de Surleau !) Le chef de bureau qui le remplace nous a reçues aimablement d'autant que c'est un parent de Marcel Raynaud des Paluds mais c'est un simple employé municipal qui n'a pas encore beaucoup de crédit. Il nous a conseillé d'aller trouver M. Moustiers à Gréasque. Nous sommes donc allées le voir au début de l'après-midi. En lisant la réponse très catégorique de l'inspecteur académique des B.d.R. il nous a dit qu'il n'y avait rien à faire, que cet inspecteur était très pusillanime et qu'il ne voudrait pas revenir sur son refus. il nous a conseillé d'accepter dans le Var. Comme Marcelle lui demandait s'il n'était pas imprudent d'accepter un poste d'intérimaire sans aucun engagement de titularisation à la fin des hostilités, il lui a dit qu'elle avait toutes chances d'être titularisée sauf fautes très graves de sa part.

Il était trop tard pour arriver à Draguignan ce soir là avant la fermeture des bureaux. Nous sommes allées coucher à St Raphaël et le lendemain matin nous étions à l'académie du Var. M. Rigal, qui avait reçu la lettre de Lucienne, nous a fait le meilleur accueil. C'était justement le jour où, avec son inspecteur d'académie, il allait faire le mouvement. Grâce à notre recommandation il a gâté Marcelle en lui donnant St Raphaël. Il nous a fait revenir vers la fin de la matinée et nous a assurées alors que c'était chose faite. D'ailleurs depuis est arrivée la nomination officielle ; Marcelle est ravie pour l'instant. La Côte d'Azur lui paraît une bonne compensation à Paris.

Pas plus tôt de retour à st Andiol elle est partie le lendemain pour Paris et Mennecy. A notre passage à Aix en Provence nous avons acheté ensemble une très belle garniture de porcelaine de Chine, chez un antiquaire : deux vases et une potiche en parfait état qui, une fois nettoyés faisaient très bel effet. Cela a coûté 400 francs. C'est son cadeau aux Bascoul qu'elle est allé leur porter à Corbeil. Elle a fait son déménagement de Mennecy et elle est revenue ce matin pour repartir demain pour son nouveau poste. Inutile de te dire qu'elle était "boullids" suivant l'expression locale. Il a fallu ce soir lui faire un cataplasme car son point au côté lui était revenu.

Maintenant il ne lui manque plus que de recevoir de Seine-et-Oise une réponse favorable à une demande de congé de convenance personnelle jusqu'au 1er octobre, qu'elle a adressé à l'académie sur les conseils de M. Rigal. De Draguignan, soit le 28 décembre, nous avons fait cette demande par télégramme avec réponse payée. Le même soir à St Andiol elle a rédigé une demande régulière qui est partie le lendemain d'Avignon. Or rien n'est encore arrivé. Peut-être pourrais-tu intervenir pour qu'elle ait satisfaction.

Cette demande a pour but de lui conserver ses titres à un poste de titulaire en Seine-et-Oise, puisque dans le Var elle ne sera qu'intérimaire. Elle la renouvellerait chaque année jusqu'à ce que sa situation soit régularisée dans son nouveau département.

Ce qui brouille peut-être les cartes en Seine-et-Oise c'est qu'avant de partir en vacances Marcelle ayant reçu des réponses négatives des B.d.R. et des A.M. et seulement une offre d'intérim dans le Var avait fait une demande de changement de poste en Seine-et-Oise. On n'a pas dû comprendre que quelques jours après elle demande un congé de convenance personnelle pour être intérimaire dans le Var. D'autre part l'exeat déjà accordé était l'autorisation de quitter définitivement la Seine-et-Oise pour être titulaire ailleurs, chose qui est actuellement impossible à obtenir.

Peut-être la réponse de Seine-et-Oise est en route ? Vois si tu dois et peux faire quelque chose. Il serait important pour son avenir qu'elle reste titulaire en S. et O.

Toutes ces explications sont bien longues et je m'en excuse mais je voulais te mettre entièrement au courant de nos démarches.

Marie-Anna était heureuse que tu te sois occupé d'elle. Le maire lui a promis de soutenir sa demande lors de la réunion de la commission cantonale en janvier ou février.

La répartition des allocations s'est faite ici de façon bizarre, les fils des plus gros propriétaires, Gustave Bayol, Brun-Pellegrin, les Baculat, etc. sous prétexte qu'eux-mêmes ne possèdent rien ont obtenu l'allocation, tandis que plusieurs familles qui végètent, telle Marie-Anna, n'ont rien obtenu.

Jeanne Mouren, qui est en chômage depuis deux mois, désirerait que tu écrives en sa faveur au Maire et au Préfet d'Avignon pour appuyer sa candidature à un poste d'employée à la mairie ou d'employée auxiliaire à la Préfecture. Ci-joint une note à ce sujet. Je pense que tu pourras faire cela pour elle malgré ton départ de Chartres. A ce propos tu ne nous dis pas si l'on t'a remplacé. Je vois que pour l'instant ta situation n'est pas désagréable. Tu nous tiendras au courant de ton sort. Toute la famille a bien regretté que tu ne sois pas auprès de nous pour Noël et l'on me charge de bien des amitiés.

Puisque le colis a été apprécié on pourra le renouveler quand maman aura réussi un de ses cakes. Nos vœux les plus affectueux et nos meilleurs baisers.

Laure

Merci pour le café. Nous avons pu en avoir jusqu'à présent.

Tu pourrais passer un jour voir Melle Perrin et tâcher de savoir combien il s'est vendu en tout d'exemplaires du G.A. [Le Grand Amour de Fouché]

Henri Catillon est fiancé à une jeune fille de Toulon de 28 ans, 1er prix du conservatoire. Il est venu la présenter à sa famille et paraît radieux.